Nous n’avons pas à présenter François Bernet-Rollande. Il a bien voulu l’an dernier déjà, offrir à Clermont une première exposition qui a été, pour bien des visiteurs une révélation en même temps qu’un succès.Il nous est revenu, cette année pour accrocher galerie Porte rue de l’ancien Poids de Ville, une trentaine d’oeuvres, peintures, aquarelles, gravures, dessins. Exposition intéressante, mise en valeur dans ce cadre accueillant dont le vernissage, l’après midi du 20 novembre, a rassemblé personnalités, amis, critiques d’art et qui depuis reçoit chaque jour de nombreuses visites, lesquelles font d’ailleurs biens de se hâter, puisque la clôture est fixée au 30 Novembre.Nous avons déjà admiré le portraitiste l’an dernier. Notre impression se confirme devant ces visages que cette fois encore, il nous permet de contempler. Qu’il s’agisse de ravissantes figures d’enfant (Agnès) , de fillettes (Antoinette) dont la grâce candide est invinciblement attirante, ou de cette malade si frêle et touchante en ce lit où la retient sa souffrance. C’est toujours la même sincérité transposée sur la toile, où l’on sent que l’artiste s’est attaché surtout en pleine indépendance et faisant fi du leche et du convenu à retrouver pour en fixer l’expression, l’âme de ses modèles. Comme il est bien de chez nous cet "homme à la casquette"bon artisan auvergnat en bleu de travail dont les traits nous sont immédiatement familiers… et comme devant ce portrait de Mlle de M… visage de femme chargé d’intense poésie s’enlevant en vigueur sur un fond sombre, on prolonge la halte en demandant vers quel horizon s’évade son rêve.C’est à Paris surtout que réside François Bernet-Rollande, cela nous vaut une bien pittoresque notation sous la grisaille d’un ciel hivernal dont passent les lambeaux à travers les ramures dépouillées des arbres, de la cour de son atelier parisien. Mais il a trop d’attaches auvergnates pour ne pas se retrouver fréquemment chez nous et voici l’antique abbaye romane de "Mozac". Un paysage près de "cunihat" où les saules penchent sur la verdure des prés leurs flexibles rameaux qui prennent sous les jeux de la lumière des tons gris argent d’oliviers.Cette oeuvre est une des plus jolies toiles de l’exposition.Après les paysages des natures mortes l’une rutilante:"tomates,oeufs et verre et verre de vin à laquelle nous préférons cette tasse de thé qui est un véritable petit bijou. Des fleurs encore vivantes d’une robuste fraîcheur géraniums, zinnias et marguerites.Comme précédemment, François Bernet-Rollande expose des gravures, des pointes sèche où s’affirme la délicatesse comme la sûreté de son talent portraits paysages blés, animaux (le coq, la voiture d’âne ) etc… Il y a là toute une série de notations exquises qui prouvent la maîtrise du dessinateur. Mais cette exposition nous révèle aussi un bien séduisant aquarelliste avec l’Eglise d’ Auzelles un Château de Theix que nous avons eu grand plaisir à retrouver ici. Avec le pont de Domerat offrant aux promeneurs son pittoresque dos d’âne. Ces aquarelles et quelques autres poliment enlevées montrent une nouvelle fece du talent de l’artisteNous rappelons que l’exposition Bernet-Rollande est ouverte tous les jours sauf le dimanche et le lundi jusqu’au 30 Novembre.H.F.
La dépêche, l’éclair, 22 Novembre 1954
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Depuis plus d’un demi-siècle, François Bernet-Rollande dessine, peint, grave, modèle, sculpte.D’abord libération, en un temps où il était en captivité en Allemagne, sa peinture, même depuis son retour, n’a jamais cessé d’être l’expression de sa liberté. Dans le sanctuaire de la Ruche, refusant les modes, leur vacarme et leur distorsions, sa peinture est une quête solitaire de l’harmonie. C’est une peinture rude parfois, qui va droit son chemin sans s’égarer dans les détails et l’anecdote, mais vraie et pure.Paysagiste mais surtout portraitiste, François Bernet-Rollande sait placer ses modèles hors du temps, rendant leurs traits et leurs formes sans concessions, restant à l’écoute de leur âme.Toute sa tendresse va aux portraits d’enfants, au crayon, à l’huile ou à l’aquarelle et aux Nus, dans lesquelles sa peinture trouve sa plénitude.Peintre des tons souvent mélancoliques dans ses huiles, François Bernet-Rollande fait chanter les couleurs de ses aquarelles dans une gaieté espiègle.Ses sculptures, petites statuettes aux poses naturelles et gracieuses appellent la caresse de la main.L’oeuvre de François Bernet-Rollande nous interpelle par la qualité de son écriture et si elle risque de laisser indifférents les avaleurs de modernité, elle force l’attention des connaisseurs.
Emsig wie in einem Bienenkork werkelt es im Garten der Villa "La Rüche". In rund 70 kleinen Ateliers wird gepinselt, gehämmert, gemeiβelt und modelliert. kurzum der künstlerischen Freiheit sind keine Grenzen gesetzt.Il était une fois 1900. La Belle Epoque, comme on dit, celle où l’on prenait encore le temps de vivre, celle ou les artistes fourmillaient à Paris. Ils avaient deux lieux de prédilection: Montmartre ou le "Bateau-Lavoir" abrita Picasso, Juan Gris, Gleizes, Van Dongen, George Braque et Max Jacob. Montparnasse où "La Ruche" offrit un gîte à de très pauvres artistes comme Chagall, Soutine, Epstein, Laurens, Modigliani et bien d’autres. Le "Bateau-Lavoir" n’est plus. Reste, outre la Cité fleurie, les Fusainbs et la Cité Falguière, un pavillon complètement insolite, complètement déplacé dans ce Paris moderne et bruyant, une maison extraordinaire: "La Ruche", 2 passage de Dantzig.Le SanctuaireMais on frappe à la porte. On m’avertit que le peintre François Bernet-Rollande m’attend. Là, c’est l’éblouissement. Ce vieux monsieur aux cheveux blancs, vêtu d’une est de velours marron, a un atelier sublime: il est double, deux fois plus large et plus haut que les autres, avec une mezzanine pleine de tableaux bien rangés, accrochés les uns à côté de autres. J’avance doucement, comme dans un lieu sacré, recueillie devant ses toiles. Il n’y a pratiquement que des portraits. Des jeunes femmes, des enfants. Il me rappelle Modigliani, sans les déformations. Les couleurs sont chaudes. François Bernet-Rollande me fait un cadeau de la photocopie d’un de ses portraits d’enfant, au crayon, "comme ça, pour vous faire plaisir, ne me remerciez pas, ça n’a pas de valeur". Je m’attarde, lui demandant de me montrer des toiles et encore d’autres. Je suis surtout déduite par la dernière: un paravent de bois sur lequel quatre jeunes filles nues, en pied, sont affairées à leur toilette. Comme des naïades d’un autre âge. De l’autre côté du paravent, sur le panneau correspondant, les mêmes jeunes filles nues dans un paysage de verdure. Absolument exquis.Avoir du tempsQuand vous visiterez Paris, vous pourrez pousser la grille de "La Ruche". Elle n’est pas fermée à clef. Et vous pourrez vous promener dans le jardin. Là, il faudra attendre. Attendre comme dit Jacques Prévert, "attendre que l’oiseau se mette à chanter"… attendre qu’un artiste sorte de la Ruche et vous parle. Et si vous avez de la chance, il vous laissera entrer dans une alvéole de la ruche bourdonnante de travail et remplie des joyaux de l’art contemporain.Sophie Bontemps.
C’est avant tout un artiste délicat et sensible, qui expie à la grande Galerie toute une série de ses oeuvres qui font preuve d’une intuition artistique plutôt rare.Ce sont des notes un peu hâtives, mais justes et d’une sobriété d’expression qui plaît.François Bernet-Rollande n’a commencé de peindre qu’en captivité, pendant l’été 1941. Il avait alors 28 ans. Un de ses compagnons, le peintre Polonais Cyankiewisz, s’intéressa à ses essais, le guida, le conseilla heureusement. Il revint en 1943, étudia son art, et depuis, s’y consacra.Des peintures à l’huile, des gouaches, des aquarelles, des dessins, des croquis. Quelques portraits à la mine de plomb sont adroitement traités. Tous ne sont pas de valeur égale à ce si charmant petit croquis de paysage, à ce nu de femme bien équilibré, d’un crayon agile, à ce portrait d’enfant sensible et libre de facture. Les aquarelles, les gouaches sont particulièrement réussies, délicatement traitées et bien vues.Plus de faiblesse se rencontre dans certaines toiles où souvent la liberté du dessin lâche, bousculée par l’habileté d’enfant, de tonalité cherchée dans la douceur. Des natures mortes bien composées, d’un graphisme à la fois délicat et riche. Des fleurs bien interprétées. Des paysage de valeur moindre mais dans l’ensemble quantité de bonnes choses.Il reste à François Bernet-Rollande à acquérir une technique indispensable à un certain sens de l’équilibre. Ce peintre qui semble professer que l’art a pour mission de plaire, à l’encontre de certains artistes d’avant-garde qui prônent le contraire, promet beaucoup et quand, par des notes plus profondes, plus incisives, il ajoutera la puissance à sa délicatesse de facture, il arrivera à se réaliser pleinement.(projet de Fernande Olivier pour paraître dans La Revue Moderne)
Les lettres françaises, N°1.070 - Du 4 mars au 10 mars 1965
Marcel Espiau - Nouveaux Jours - 15 mars 1965
Les nouvelles littéraires - 4 mars 1965
Jeudi 4 mars 1965
Aux écoutes du monde - Les Arts - Maximilien Gauthier.
Arts - Expositions - du 3 au 9 mars 1965
Les monde, le courrier des arts - 26 février 1965.